mardi 6 octobre 2015

Volkswagen scandale les infos en détails!


Puisque que nous ne vivons ni dans le monde d’Amélie Poulain ni dans celui de Oui-Oui, il apparaît assez évident que si Volkswagen a pu tricher à une telle ampleur, c’est que son organisation (dysfonctionnements compris) a pu l’y autoriser, et surtout, craint-on d’ajouter, que la direction a considéré disposer de la marge de manœuvre et de la capacité à circonvenir les organismes de contrôle et de régulation. Autrement dit, « gérer » le politique.

Une entreprise qui emploie 300 000 personnes rien qu’en Allemagneet pèse d’un poids aussi lourd dans la première économie de la zone euro a les moyens d’imposer son point de vue. Y compris quand cette vue est délibérément biaisée.
Au-delà d’une situation avérée de crise appartenant à la désormais classique « vie des affaires », le scandale Volkswagen appartient à un univers où l’on n’attendait moins le monde de l’entreprise, celui de l’éthique et de la morale.

PAR FAIBLESSE, OU PAR LÂCHETÉ

Cela ne manquera d’apparaître comme la deuxième mort de Max Weber (1864-1920). L’incroyable histoire Volkswagen au pays de l’auteur de L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, est la preuve que la réalité est porteuse de beaucoup plus de créativité que notre imagination la plus échevelée.
Cette entreprise – Volkswagen – dont le chiffre d’affaires est aujourd’hui supérieur… au produit intérieur brut (PIB) de la Grèce, incarnation même de cette Allemagne en pleine réussite qui stigmatisait hier ces Grecs menteurs et falsificateurs de comptes publics, se trouve confrontée à cette même idée de mensonge et de fraude vilipendée quelques semaines auparavant.
Et nous voici là au cœur des enjeux. Nous voici face à un univers politique qui par faiblesse, ou par lâcheté, semble aujourd’hui avoirrenoncé à exercer son rôle de contrôle et de défense de l’intérêt général pour se trouver souvent contraint – emploi oblige – d’accepter de défendre des intérêts industriels.
Ceux-ci sont certes légitimes, mais pas forcément compatibles avec les attentes du plus grand nombre. L’opinion publique n’est pas dupe, elle qui depuis le tournant du siècle a bien compris que ceux qui sont élus n’ont pas le pouvoir et ceux qui ont le pouvoir n’ont pas été élus.

LES CLÉS DU CONTRE-POUVOIR

Pour pallier cette défaillance, cette perception que l’entreprise peut désormais tout se permettre, l’opinion a remis les clés du contre-pouvoir aux ONG et à la société civile. Une forme d’adaptation darwiniste à l’effacement politique, un recours par défaut à une forme de représentation par procuration. C’est d’ailleurs une ONG qui a mis en évidence la tricherie de Volkswagen et l’on pourrait ainsi multiplierles exemples d’un politique défaillant suppléé par une société civile attentive.
C’est là où la demande de morale, de règle, se déplace, passant d’un réglementeur défaillant – le politique – au possesseur du réel pouvoir – l’économique –, incarné par la grande entreprise. Faire de l’optimisation fiscale est par exemple parfaitement légal et tout directeur juridique (même en charge de l’éthique…) confirmera cela.
Est-ce pour autant éthique ? L’opinion répond aujourd’hui, non. Si en Angleterre, le marchand de café Starbucks a finalement accepté de payer (un peu) d’impôts sur les sociétés, c’est face à la menace que faisait peser sur son cours de Bourse un début de boycott de la part des consommateurs britanniques. Encore une fois la société civile a joué un rôle de régulateur.
Longtemps cette référence à l’éthique ne fut pas dans le champ de l’entreprise ; son activité n’était simplement pas concernée par cette dimension. Désormais perçue comme seule en position d’agir et d’agir fortement, elle a récupéré une charge dont elle se serait bien passée. C’est ainsi qu’ont fleuri ces dernières années « chartes éthiques » et autres « codes de bonne conduite » sans parler de « règles de déontologie », autant de documents devant montrer les réponses apportées par l’entreprise aux doutes pouvant être formulés par l’opinion.

ENTRE HYPOCRISIE ET CYNISME

Mais que valent les vertus affichées quand il n’y a pas véritablement de pratiques qui lui correspondent ? Il existe une règle dite « des 3 P » à propos de tous ces textes excipant d’une parfaite morale dans la conduite des affaires : printpost and pray en anglais, autrement dit votre code d’éthique, d’abord vous l’imprimez, ensuite vous l’affichez et enfin… vous priez.
Volkswagen avait évidemment le sien et manifestement du côté de Wolfsburg, on ne croit plus en Dieu ou alors on ne prie pas assez fort. On mettra alors en évidence cette tendance à se draper dans la morale sous l’influence de ceux qui maintenant depuis quelques années donnent le ton en matière de business et sont ceux par qui le scandale Volkswagen est arrivé : les Américains.

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